L’allergie des âmes 

Je l’avoue sans détour : j’ai développé une allergie.

Une allergie rare, presque élégante. Une allergie aux GENS...Une allergie à l’humanité.

Leur simple présence effleure ma peau comme une brûlure douce, leurs dogmes me piquent, leurs convictions me griffent l’âme, et leurs opinions me laissent des démangeaisons invisibles, mais tenaces.

Rien ne me séduit.Ni les idéologies qui se parent de grands mots, ni les courants qui prétendent tout emporter, ni les cris de ralliement qui veulent faire vibrer les masses.

Je suis nue face au monde. Sans étiquette. Sans tribu.Contre tous, et tous contre moi, dans ce duel muet où les regards tranchent plus finement que les mots.

Mon seul reve: Fuir jusqu’aux confins du monde, s’abandonner aux caresses du vent, vivre parmi les bêtes dociles et les arbres sincères…mais 'est déjà, une doctrine.Une douce hérésie devenue tendance, archivée dans les rêves de ceux qui, comme moi, ne savent plus à quel souffle humain se vouer.

Et pourtant, il faut continuer à vivre.

Avec eux,

Parmi eux,

Parfois même pour eux.

Mon intolérance s’étend jusque vers ceux qui me ressemblent.Leur indifférence, si soigneusement entretenue, m’épuise.Leur détachement me semble surfait, leur froideur presque exhibitionniste.Ils ont érigé l’absence de sentiments en tendance, comme une armure brillante…

Mais moi, je ressens. Trop.Et ça me consume.Un feu lent, intime, brûlant sous la peau.Je fais semblant. De comprendre. D’aimer. D’adhérer.Je mime l’humaine, je courbe l’échine, j’endosse le masque.Et puis… je me vide. Lentement. Profondément.Mais ce vide… ah, ce vide.Je l’aime.

Il est voluptueux, spacieux, presque érotique.Il me laisse respirer sans effort, m’étendre sans limite.Il est beau, ce refus d’avoir une forme, une voix, une couleur.Beau, ce désamour des doctrines cousues de fil blanc.Beau, ce silence face aux goûts criards qu’on s’efforce d’aimer pour appartenir.Ce détachement est ma jouissance, ma révolte douce, ma nudité intérieure.

Peut-être, au fond, je cherche une liberté à fleur de peau.Une liberté nue, sans vitrine ni public.Une caresse du réel, débarrassée du regard des autres…Un souffle vierge que, peut-être, je ne trouverai jamais ou peut-être seulement en moi.

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