Je ne suis pas GEN Z212
Si j’étais encore dans ma vingtaine, j’aurais sans doute rejoint les manifestations qui secouent mon pays. L’impulsivité de la jeunesse, l’adrénaline de l’âge des fleurs, la rage de l’instant régnaient en maîtres sur mes décisions.
Quand j’étais jeune, je rêvais d’une liberté totale. J’imaginais un avenir meilleur, je voulais réclamer mes droits dans leur intégralité. Je croyais que le changement était facile, qu’il suffisait de l’exiger pour qu’il advienne.
Avec un peu de maturité, ma vision s’est transformée. Le mot ordre est venu remplacer le mot liberté. Le mot engagement a pris la place du mot manifestation.
Mes rêves se sont faits responsabilités, mes élans de révolte se sont mués en patience, et mes illusions d’hier se sont transmises en convictions profondes.
J’ai compris que le changement ne se décrète pas, il se construit. Qu’il est progressif, qu’il exige du temps, mais surtout des mœurs solides.Des mœurs personnelles que chaque citoyen doit adopter, une responsabilité individuelle et une contribution active à la vie sociale.
On ne peut pas boycotter les élections et blâmer ensuite l’État. On ne peut pas rester absents de la vie politique et accuser les opportunistes qui s’y installent. On ne peut pas fuir la scène et crier à l’injustice.
La vie en société exige un courage singulier : le courage de semer avant de récolter. Mais avons-nous semé quoi que ce soit pour prétendre savourer des victoires ?
Nous avons séché les cours, refusé d’apprendre les langues étrangères, choisi la paresse comme compagne. Nous avons préféré jouer au football ou le regarder au lieu de préparer nos examens.
Nos parents ont parfois déserté le travail pour se reposer une, deux ou mille matinées. Une jeune mère a choisi de ne pas rejoindre sa classe après un accouchement. Un père a volé le budget d’une maison de retraite pour s’offrir la dernière Classe A. Un grand-père a vendu l’huile d’olive fleraté à cent dirhams le litre. Et aujourd’hui, nous osons nous indigner dans la rue.Toi qui marches aujourd’hui dans les manifestations, rappelle-toi : tu portes, toi aussi, une part de responsabilité dans la corruption qui gangrène ce pays. Ton père ou ta mère a peut-être, d’une manière ou d’une autre, participé au détournement. Ton grand-père a pu être un fraudeur. Toi, jeune étudiant, tu es en partie responsable de l’échec scolaire.
Le problème n’est pas dans les institutions. Il est dans chacun de nous. Car un État n’est rien d’autre que la somme des consciences qui le composent.
Le problème... c'est toi !
On dit souvent que le changement vient d’en haut. Moi, je crois qu’il vient d’en bas. J’ai compris cela le jour où j’ai perdu mon père, terrassé par une crise cardiaque en pleine rue.
L’ambulance a mis deux heures à arriver. Était-ce par manque de véhicules ? De personnel ? De matériel ? Non. Rien de tout cela. L’ambulancier avait simplement préféré finir son verre avant de se déplacer. Quand il est arrivé, à moitié conscient, l’odeur de l’alcool flottait encore autour de lui. Est-ce la faute de l’État si cet homme a choisi l’ivresse plutôt que son devoir ?
À l’hôpital, l’histoire s’est répétée. Le médecin urgentiste était déjà rentré chez lui. On a dû attendre l’arrivée d’un autre médecin pour apprendre que mon père était déjà mort. Était-ce la faute de l’État si ce médecin avait préféré dîner avec sa famille ou rejoindre sa maîtresse plutôt que d’assumer sa mission ?
Certains diront : l’État est responsable, puisqu’il a embauché de tels individus. Mais comment pourrais-je blâmer l’État qui, des années durant, a éduqué mon père ? Qui lui a offert une place dans les internats, une bourse pour étudier en Belgique, un emploi digne, un salaire, un traitement médical, un toit et de quoi nourrir sa famille ? Même chose pour ma mère, atteinte d’une maladie chronique. Elle avait besoin d’un suivi mensuel, jusqu’au jour où son médecin a brusquement décidé d’arrêter sous prétexte qu’il voulait aller “aider les Palestiniens à Gaza”. Est-ce la faute de l’État si un médecin qui a prêté serment choisit de fuir ses responsabilités ? Ma mere qui a fait de son travail d’enseignante sa vie qui a éduqué des generations dont sûrement ont été gradués des médecins irresponsables.
Ce sont Deux exemples réels, que j’aurais jadis interprétés autrement, quand j’étais encore immature. Aujourd’hui, je sais où se trouve le vrai problème de ce pays. Le problème, c’est toi. Oui, toi. Tes actes, tes erreurs, ta passivité. Tes choix faciles. Ton image erronée du monde.
GEN Z46
Cela fait deux ans que je vis en Suède. Ici aussi, tout n’est pas parfait : pour voir un médecin, il faut parfois attendre des mois. Aux urgences, les salles débordent, et l’attente peut durer huit heures. Et pourtant, au Maroc, on se compare à eux et on rêve de copier leur modèle de santé.
À Stockholm, je vis dans la peur constante d’être fusillée : des tirs en plein centre-ville, des gangs qui font leur loi, des bombes qui éclatent dans des quartiers résidentiels. Le pays, sous les anciens gouvernements de gauche, a ouvert ses portes à tort et à travers. Aujourd’hui, il est devenu à moitié peuplé d’étrangers qui profitent des aides sociales et contribuent à la détérioration du pays.
Les Suédois sont à bout, mais personne ne proteste, car c’est un peuple conscient de ses erreurs, qui a cru aux mensonges de la gauche, responsable de la situation actuelle en Europe, et qui tente aujourd’hui de se rattraper.
Les Suédois ont voté pour ces politiques. Ils ont autrefois choisi ces femmes et hommes politiques qui ont socialisé le pays. Mais ils ont été plus courageux que nous, que ce soit en continuant à aller massivement aux bureaux de vote ou en assumant leurs responsabilités.
Ce qui se dit sur la Suède s’applique à de nombreux autres pays. Partout, les citoyens paient le prix de décisions politiques qu’ils ont acceptées ou ignorées. Partout, les gouvernements ouvrent des portes sans contrôle, promettent des aides sans mesure, et laissent la société se fracturer sous le poids de l’injustice et de l’incompétence. Et partout, le véritable changement ne viendra pas d’en haut : il dépend de chacun d’entre nous, de notre responsabilité, de notre engagement et de notre volonté de reconstruire ce que nous avons laissé s’effriter.
Slowly, but Surely
Those who brought the cup home one month ago are part of Gen Z. Several of my colleagues and I are also part of Gen Z, and in every sector, there are Gen Z individuals who have worked on themselves, even though the journey hasn’t been easy.
Others continue to dream of a paradise elsewhere a perfect world where everything would be simpler, so let them stay there if they wish!
We, on the other hand, have chosen to believe in our own reality, to build it, and to improve it step by step.
Like any other country, we have our problems. But a large part of these difficulties comes from those who wait without acting, from those who lack values and ethics, and who slow down the wheel of development through their inertia, cynicism or corruption.
Yet things are changing. Slowly, but surely.
We are evolving, moving forward, and laying the foundations for a better future.
And it takes time to enjoy what we have sown.
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